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L’histoire, un récit sans les femmes ?

Une analyse de Sylvie Boulvain - 2020

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Présentes depuis toujours dans la trame de l’histoire, les femmes ont été longtemps oubliées dans son récit, qui depuis l’Antiquité est principalement écrit par des historiens masculins. De plus, en se professionnalisant à partir du xixe siècle, la discipline historique se construit comme une science réservée aux hommes avec des espaces professionnels exclusivement masculins, comme les universités, les séminaires, les dépôts d’archives ou les bibliothèques, et ce, pratiquement jusqu’au milieu du xxe. La narration privilégiait l’espace public – politique, guerres, économie – dont les hommes sont les acteurs principaux. Confinées dans leur foyer et accaparées par leurs tâches domestiques, les femmes y apparaissent beaucoup moins. Leur présence dans le monde du travail, tout comme leurs créations artistiques, leurs inventions, leurs luttes politiques ont été minimisées, oubliées, voire occultées par le pouvoir politique, religieux, la famille ou le conjoint. Aux femmes – qui représentent pourtant une bonne moitié de l’humanité — restait une histoire marginale ou « petite histoire », avec ses faits anecdotiques relevant de la sphère privée considérée longtemps comme anhistorique. Seuls les hommes sont des êtres historiques, moteurs du changement, tandis que les femmes se situent du côté de la nature, de l’immobilisme et de la tradition.
Simone de Beauvoir dans son Deuxième sexe, paru en 1949, conclut sa section intitulée « Histoire » par ce triste constat péremptoire : « Toute l’histoire des femmes a été faite par les hommes […] Jamais les femmes ne leur ont disputé cet empire. »

Thème: 
Féminisme