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Laissez-moi danser. La danse comme outil de réappropriation du corps et de l’espace public

Une analyse d'Élisabeth Meur-Poniris

Cet été, deux jours seulement après le lancement du festival de Dour, la presse annonçait trois plaintes pour viol. Quelques jours plus tôt, c’est via Facebook qu’une autre victime avait lancé un appel aux témoignages, sollicitant les participant·e·s du festival Hellfest, en France, dans le but de récolter des informations pour identifier son agresseur. Le festival Esperanzah !, quant à lui, a mis en place pour la seconde année le plan SACHA (Safe Attitude Contre le Harcèlement et les Agressions). Son but est de sensibiliser le public au sujet des agressions sexuelles et de veiller à ce que les potentielles victimes puissent être rapidement prises en charge.

Girls just want to have fun, chantait Cyndi Lauper, mais ce n’est pas encore gagné ! De toute évidence, le milieu festif est encore fort imprégné de sexisme et s’amuser, quand on est une femme, revient souvent à être sur ses gardes. Il faut composer avec de lourdes tentatives de drague, veiller à toujours garder son verre à l’œil, esquiver les attouchements non sollicités qui vont parfois, malheureusement, jusqu’au viol. Autant de comportements que nous, femmes, subissons ; autant d’attitudes et d’ajustements que nous finissons par adopter en réponse.

En Belgique, deux initiatives organisées en non-mixité choisie proposent de se retrouver entre femmes et entendent nous libérer de la charge mentale qu’impose la défense de notre intégrité physique. Toutes deux mettent la danse au cœur d’une démarche féministe de réappropriation des corps et de l’espace public. Ces projets font appel à des techniques de thérapie par la danse et, même s’ils sont ouverts à toutes, ils rassemblent des femmes majoritairement cisgenres, issues de la classe moyenne, dans la trentaine. Nous allons nous intéresser à ces démarches et en examiner les lignes de force d’un point de vue féministe.

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Thème: 
Féminisme