Nos thématiques de travail

Autodéfense intellectuelle, matérielle et politique

Cette thématique a pour objectif d'articuler des dynamiques d'autodéfense intellectuelle, matérielle et politique.

Contexte & diagnostic

Dans une interview donnée en 1987, Margaret Thatcher prononçait cette phrase restée célèbre « there’s no such thing as society », qu’on traduira par « une chose telle que la société, ça n’existe pas ». Elle prolongeait sa réponse par une explication toute libérale de la responsabilité qui, selon elle, pesait sur chacun, individuellement.

Plus de trente ans plus tard, il est aisé de s’apercevoir du côté non pas prophétique, mais programmatique de cette pensée ultra libérale. On le voit chaque jour, c’est l’individu qui est placé au centre des enjeux économiques, de (sa) santé, de l’appréhension du monde, entre autres choses, avec en toile de fond la sacro-sainte réussite, tout aussi individuelle. Ou l’échec, tout aussi personnel. C’est lui et lui seul qui devient le pilier, le recours et le responsable – nous allions écrire le coupable – de sa situation.

Nous pensons que cette atomisation, cette dislocation n’est évidemment ni souhaitable ni inéluctable. Bien sûr que la société existe, bien sûr que cette dernière est plus qu’un simple amoncellement d’individus. Mais ceux-ci ont été détachés les uns des autres, désolidarisés, divisés et même opposés, « polarisés ».

La grande violence qui mène à la souffrance et à la précarité de plus en plus d’entre nous dit rarement son nom, et avance masquée. Qu’il s’agisse de la manipulation mentale du consommateur (le marketing comportemental, le nudge), des bulles algorithmiques des réseaux dits « sociaux », du management par objectifs, – et « dans la joie » bien entendu – ou encore de la complexité des normes et droits, l’individu reste bien seul, confondant le nombre (d’internautes par exemple) avec le vrai collectif, l’injustice systémique avec la faute individuelle.

Enjeux

Trois enjeux sous-tendent la thématique :

  1. Refaire société, en recréant des espaces démocratiques communs de qualité.
    On l’a vu il y a peu, avec la présidence Trump par exemple, l’Agora peut vite se déchirer. Il suffit parfois de quelques tweets.
  2. (Ré)apprendre à naviguer ensemble, à repolitiser dans l’échange, pour permettre à chaque citoyen·ne, bien légitimement en quête de sens et en proie au doute, de s’orienter et d’agir.
  3. Lutter contre la passivité, en favorisant la réappropriation de savoirs et de pratiques.
    De gré ou de force, par illusion de facilité ou résignation, les citoyens et citoyennes délèguent toujours plus de savoirs et de savoir-faire à l’expertise d’autres (machines, santé, foisonnement légal, complexité administrative…).
    Nous pensons que l’échange et l’apprentissage en commun permettra à chacun·e de développer des moyens pour mieux appréhender son environnement et agir pour l’améliorer.
     

En refusant le statut d’objet auquel on tente de le réduire, au nom du profit ou encore de la « sécurité » par exemple, læ citoyen·ne-sujet pourra revivifier une démocratie qui en a bien besoin.