L’envie d’élaborer un outil permettant de créer collectivement des imaginaires politiques de gauche est née au sein de l’équipe de Barricade au printemps 2024, à l’aube d’une année électorale chargée. Notre intuition était que les résultats et le contexte (médiatique notamment) de ces différentes élections seraient marqués par une montée de la droite et de l’extrême droite, et que les forces de gauche (dans la société en général, pas les partis politiques) allaient éprouver des difficultés à garder ou à trouver la force de lutter. Nous craignions que de nombreuses personnes se sentent impuissantes face à un climat de plus en plus anxiogène à tous niveaux (guerres et génocides ; crises climatique, sociale et énergétique ; problèmes de santé mentale chez les jeunes et dans la population en général ; précarité grandissante ; privatisation et marchandisation de services publics essentiels ; destruction de la sécurité sociale ; répression et autoritarisme ; déshumanisation des personnes migrantes ; rachat de médias, réseaux sociaux, maisons d’édition, librairies et lieux de divertissement par des riches d’extrême droite).

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Il nous semble que les espaces pour discuter de nos préoccupations, de nos rêves et de nos stratégies sont (trop) rares. Ce dispositif d’animation a donc pour ambition principale de provoquer ces espaces de rencontre, de discussion, d’échange, de débat, au sein desquels des personnes issues de différents milieux, de différents secteurs, pourraient se rencontrer et épaissir leur réseau. Cela dit, il peut très bien fonctionner avec des personnes qui se connaissent déjà, qui ont l’habitude de travailler ou de lutter ensemble. Notre objectif sera atteint si des journées organisées autour de notre outil se multiplient par-ci, par-là et permettent de renforcer des réseaux de personnes qui se reconnaissent dans l’envie de créer et de mettre en branle des imaginaires de gauche, c’est-à-dire humanistes, démocrates, inclusifs et progressistes, porteurs de solidarité, d’équité, de liberté… Pour nous, la création de ce type d’imaginaires implique une grille d’analyse systémique, c’est-à-dire qui tient compte des différents systèmes de domination et des rapports de pouvoir qui existent dans notre société. Nous cherchons tant que possible à éviter l’individualisation de la charge des responsabilités des problèmes de ce monde, qui entraine des mécanismes de culpabilisation. Nous pensons que c’est grâce à des perspectives intersectionnelles (où toutes les dominations sont prises en compte plutôt que mises en concurrence) que nous pourrons créer des imaginaires réellement désirables.