Le Pavé Dans La Mare
Mai-juin 2019 - n°107
Edito ///
Barricade : la planque d’un monde qui change !
---
Steve
---
Le monde change infiniment plus vite que nos discours… Au moment de commencer cet éditorial, comment être sûr qu’il ne sera pas obsolète en sortant de chez l’imprimeur ? Tout nous indique que le terrain sur lequel nous menons quotidiennement nos petites routines est susceptible de glissements soudains et imprévus. à quelques jours d’élections cruciales (avant cinq longues années sans aucun autre scrutin dans notre pays), il ne reste aux politiques qu’à rivaliser d’éloquence pour prétendre incarner quelque chose auquel on aurait envie de se cramponner (la Flandre, les voitures de société, le pouvoir d’achat, les valeurs chrétiennes ou le changement lui même).La séduction du mot « Transition » vient en partie du fait qu’il évoque un glissement contrôlé : d’un état à un autre, d’un monde à un autre, sans accrocs. Le mot « Effondrement », à l’inverse, surgit d’un imaginaire hanté par la destruction brutale (d’un édifice, d’une puissance, d’une psyché) : la catastrophe aussi fascine, peut-être surtout celles et ceux qui ont jusqu’ici vécu à l’abri de tout le reste. Quant au mot « Révolution », il ressemble à un vieux comédien embusqué en coulisses, qui attendrait d’entrer en scène depuis un peu trop longtemps.
Est-il permis de se méfier de ces mots-là (entre autres) ? Est-il possible d’être attentif aux craquements du plancher sur lequel nous marchons sans entonner ni psaumes funèbres, ni cantiques lyriques, ni chants guerriers ? Peut-on sourire des storytellings agressifs ou suaves, qui fleurissent de partout pour attiser et exploiter les peurs ? Peut-on être sceptique sans cynisme, moqueur sans sarcasme ? Tentons le coup…
Le 11 mai, avec beaucoup d’autres, Barricade fera la nique aux nostalgiques de l’époque où les trains arrivaient à l’heure et où les étrangers demandaient pardon : Nuit Blanche contre Listes Noires, c’est de saison ! L’autodéfense (numérique et politique) reste forcément de mise… Le 14 mai, du grand cinéma documentaire : parole aux sans-abris de la Ville-Lumière, histoire de réinventer l’accès au logement… Pour suivre, trois rencontres (15, 22 et 29 mai) à la redécouverte des quartiers mal aimés et surtout mal connus que sont Droixhe et Bressoux : leur histoire, leur présent bigarré et leur avenir radieux (qu’ils disaient). Un autre cycle de trois débats (7, 16 et 28 mai) revisite les « récits de la Transition » : ceux qui caressent et ceux qui piquent… Et tant qu’on y est, cerise sur le champignon atomique, poussez la porte de Maison Renard (le 23 mai), un OVNI théâtral à ne pas manquer : vous saurez enfin si vous êtes mûr·e pour l’Apocalypse… Ah oui, l’Effondrement, parlons-en ! C’est le titre de notre étude 2019. Si vous n’en avez pas encore entendu causer, c’est que votre navigateur a sérieusement besoin d’une mise à jour. On vous en souffle un mot en guise de rattrapage (p. 18), avant une nouvelle analyse en 3D (Damasio, Dick, De Wever)… et un bref aperçu des trésors qui vous attendent dans notre librairie. à découvrir sur place, en sirotant un verre en terrasse ou en se prenant un dernier slam dans le cœur (p.16), comme si le temps était au bonheur entre ami·e·s… Vous nous direz si tout ça vous a plu !