Gagner l'Europe à l'époque du nouveau Pacte sur l'asile et les migrations : une question de mérite ?
Une étude d'Aline Fofana - 2023
23 novembre 2021 : j’assiste à une conférence de la politologue Dominique Maliesky sur les migrations internationales. À ce moment, je ne connais des politiques migratoires que les images des canots pleins à craquer en Méditerranée, et en bonne Normande que je suis, les personnes patientant à Ouistreham. Dominique Maliesky prévient : « Vous allez voir, c’est profondément désespérant. Je pense que je ne vais pas réussir à vous dire des choses très gaies ce soir ». Rien de surprenant, mais j’avais l’espoir (peut- être naïvement) de voir la situation s’améliorer, comme si ce qu’on appelait la « crise migratoire » n’était qu’un événement isolé. Finalement, Dominique Maliesky évoque le Nouveau Pacte de l’Union européenne sur l’asile et la migration :
« [L]a principale conclusion que l’on peut tirer à la lecture de ce Pacte européen sur les migrations et l’asile, c’est que la protection des frontières prime sur le droit international, sur le respect des droits humanitaires. »
Alarmée par l’impunité de la politique migratoire de l’Union, je décide d’éplucher ledit Pacte. J’ai rapidement l’impression de lire les consignes d’un tri entre des migrant·e·s : celles et ceux que l’on souhaite attirer (notamment celles et ceux qui répondent à une demande en emplois hautement qualifiés), d’autres que l’on doit accepter (demandeur·euse·s de protection internationale), et des personnes considérées comme indésirables que l’on souhaite empêcher de venir, ou renvoyer le plus vite possible dans leur pays d’origine. [...]
Aline Fofana