Que nous cache une vision romantique du confinement ? Entre privilèges de sexe et de classe.
Une analyse de Claire Gavray - 2020
La crise de la Covid et le confinement ont révélé la pertinence d’une approche de genre des questions relatives à la santé, au travail et à l’emploi, à la famille et la parentalité, à la distribution des risques et des opportunités sociales. Cette paire de lunettes ne se résume nullement à comparer statistiquement les hommes et les femmes, même si disposer de chiffres aide à établir un diagnostic. Elle nous révèle les dynamiques sociales binaires et de hiérarchisation sexuée dans les différents champs du monde social.
Dans nos régions, depuis le début de la crise, on observe ainsi que plus d’hommes que de femmes meurent du virus dans les tranches d’âge élevées. Les spécialistes ont généralement privilégié une approche multifactorielle de ce phénomène. Ainsi, les différences génétiques ou en termes d’immunité entre les hommes et les femmes ne suffisent pas à expliquer le phénomène observé. « A number of factors may be working against men in the current epidemic, scientists say, including some that are biological, and some that are rooted in lifestyle, a disparity that increased with age ». Dans le groupe masculin, on note de plus nombreuses prises de risques tout au long du cycle de vie (consommation élevée d’alcool, peu d’attention accordée à l’hygiène et à la prévention des maladies cardiovasculaires, respiratoires et du diabète). Rien que ces premiers résultats nous montrent ce que représente une lecture en termes de genre : interroger les processus sociaux de socialisation et de construction sexuées (habitus et habitudes), ainsi que leurs enjeux individuels et collectifs.